Les grands ensembles se présentent comme les réalisations emblématiques de la politique menée par l’Etat après-guerre dans le domaine de l’aménagement du territoire et de la planification urbaine. Ces icônes incontournables de la « légende dorée d’une modernisation triomphante » durant les Trente Glorieuses font l’objet dès l’origine de la mise en place d’une politique visuelle spécifique. Le contrôle de l’image s’impose en effet dès 1945 comme le corollaire inévitable des grands chantiers de reconstruction, et les institutions intègrent en leur sein des services photographiques et cinématographiques dans le but de promouvoir et défendre la politique adoptée. Un parti pris qui persiste quand les orientations changent : la photographie est convoquée, au fil des époques et des institutions, pour témoigner de la ruine du projet social ou fonder la reconnaissance de l’héritage architectural. L’analyse présentée ici propose de revisiter cette histoire des grands ensembles, en se fondant sur les travaux déjà réalisés, pour l’observer cette fois sous l’angle médiatique, et plus spécifiquement celui de la production photographique institutionnelle.


